Les saveurs de Drâa-Tafilalet
La région de Drâa-Tafilalet est une des douze nouvelles régions du Maroc. Elle compte cinq provinces : la province d’Errachidia considérée le chef-lieu de la région, la province de Tinghir, la province de Midelt, la province d’Ouarzazate et la province de Zagora.
La région Drâa-Tafilalet est un véritable réservoir de produits locaux au royaume de par la diversité de ses agrosystèmes. La majorité des produits sont labellisés, ils forment la marque du terroir et du savoir-faire de la région.
Les roses de Kelâat M’gouna-Dadès
La rose à parfum de Kelaât M’Gouna est un produit du terroir marocain qui bénéficie d’une AOP (Appellation d’Origine Protégée), elle est reconnue aux niveaux national et international. Rosa damascena est la variété la plus cultivée dans la région d’Ouarzazate et plus précisément dans la zone de Kelâat M’gouna-Dadès. Elle est utilisée à l’état sec comme produit cosmétique et également dans la production de l’eau de rose et de l’huile essentielle de rose.
La plantation des rosiers est faite sous forme de haies qui séparent les parcelles agricoles irriguées par les séguias. La rose est généralement cueillie au mois de mai, il faut 5 tonnes de pétales de rose pour avoir 1 litre d’huile essentielle de rose et 1 kg de pétales pour avoir 1 litre d’eau de rose.
Rqia, présidente de la coopérative Soffi pour la production et distillation de rose de damascena biologique, raconte :
« Le travail de cueillette est confié aux femmes. Les hommes n’en veulent pas ! Nous cueillons de l’aube jusqu’à midi et c’est bien d’être environnée de parfums de roses, mais je vous assure que le travail est dur. »
L’huile d’olives de Skoura
Skoura est l’une des oasis traditionnelles encore habitée et productive, elle est située à 40 km de la ville d’Ouarzazate. Dans cette ville est produite une huile réputée de très bonne qualité.
Mohamed, un des 216 producteurs de la région, nous parle de son huile d’olive :
« Ici nous irriguons une fois toutes les deux semaines durant l’hiver, plus souvent l’été. Mon père a commencé et j’ai marché dans ses traces. Depuis ma naissance je vis dans les oliviers. Ceux d’ici grandissent et produisent sans engrais ni produits chimiques. Mes premiers souvenirs de paysan sont liés au travail : il faut donner un peu de soi pour obtenir beaucoup ! L’olivier est un arbre généreux.»
L’huile est épaisse, lourde et dorée. « Trois mois après l’extraction, l’huile est verte, après elle se transforme en or puisque l’on a un peu capturé le soleil » conclut Mohamed.
Romarin et miels d’Er-Rich
Le romarin est une plante aromatique, médicinale et ornementale, incontournable.
Originaire du bassin méditerranéen, le romarin est largement répandu dans la région orientale du Maroc. Il connaît depuis le Moyen-âge, un rôle important en parfumerie, et surtout en cosmétique. Cette plante aux multiples vertus est cultivée principalement pour en extraire de l’huile essentielle.
Hourya, une productrice d’huile essentielle de romarin dans la commune d’Er-Rich, explique son utilisation :
« Avant, au village nous utilisions le romarin comme combustible pour le chauffage du four à pain, également pour nos infusions. C’était un savoir-faire. Aujourd’hui nous avons appris à extraire l’huile de romarin et nous transmettrons cette technique à nos filles ! »
Un autre trésor est produit dans cette commune d’Er-Rich, le miel ! C’est un produit de renommée, il est reconnu pour ses propriétés thérapeutiques.
Avec près de 10 000 ruches, Er-Rich et la région Meknès Tafilalet ont un savoir-faire en apiculture ! Les miels de romarin, thym, jujubier, origan, menthe y sont produits.
Le cheptel d’Er-Rich compte 4000 ruches. Ici, l’apiculture est une activité ancestrale. Le miel est produit par des apiculteurs qualifiés qui maîtrisent parfaitement le terrain et la conduite de la ruche. Mais aussi par des apiculteurs débutants avec des ruches aux faibles rendements. Le rendement moyen est de l’ordre de 30 kg/ruche et une production annuelle de plus de 22 tonnes de miel de bonne qualité.
Dattes, Tafilalet
Le terroir de production du palmier dattier de la région Drâa-Tafilalet compte environ 1.900.000 pieds de palmier dattier. La production annuelle est estimée à 60.000 T
La production phœnicicole de Tafilalet représente 26 % de la production nationale sur le marché marocain. Le palmier dattier de Tafilalet occupe le premier rang parmi les espèces arboricoles de la zone d’action de l’Office Régional de Mise en Valeur Agricole ORMVA et s’étend sur une superficie de 24 000 ha.
Les dattes les plus recherchées de Tafilalet sont celles du Majhoul, elles sont labellisées « Indication Géographique Protégée». Cette variété de dattes est caractérisée par sa chair moelleuse et charnue et sa couleur marron plus claire dans la partie supérieure. Elles ont une saveur et une richesse aromatique typique. La variété Majhoul représente seulement 1% de la production de Tafilalet.
Taoufiq, producteur de dattes à Tafilalet, affectionne ce métier « ne me demandez pas de me séparer d’elles. Les dattiers et leurs fruits sont mes compagnons depuis que je suis enfant. J’ai grandi avec et n’envisage pas d’autre métier que celui qui est celui de mon père, ce métier qui est le mien.»
Blé dur, Haut-Ziz
Le long de la vallée du Haut Ziz est cultivé le blé dur; une variété très localisée, sur une superficie de 400 ha. La production annuelle moyenne de ce blé est de l’ordre de 1.400 tonnes avec un rendement moyen de 35 quintaux/ha.
Mouloud est un agriculteur qui a appris le métier de paysan par ce que son père lui a transmis. Il confie n’avoir jamais pensé à faire autre chose qu’à être paysan…
Mouloud n’utilise que des engrais naturels fournis par ses vaches. Il laboure sa terre en novembre et récolte le blé en juin.
Il établit avec la coopérative du Haut-Ziz une relation gagnant-gagnant : « Je leur vends le blé qu’elles transforment en couscous. Je sème à la volée et je moissonne à la main ! Mon blé fait la meilleure farine qui soit ! »
Blé couscous
Les femmes de la coopérative du Haut-Ziz, assises sur le sol, roulent avec dextérité sous leurs mains la farine, tamisent et élaborent le grain de couscous. Ces femmes produisent plus d’une tonne de couscous et de M’hamsa. Après 8 heures de travail, 6 femmes produisent 50 kilogrammes de couscous. Une longue tâche très laborieuse !
Selon ces adhérentes de la coopérative ce qui caractérise leur couscous: « C’est la qualité, elle est obtenue par le climat, la terre et notre savoir-faire ancestral ! »